Dans la photo: Tayari Jones

L'écrivaine américaine Tayari Jones, a récemment publié «Des baisers parfum tabac», la version française de «Silver sparrow», un roman publié aux États-Unis en 2011. Un livre qui vous colle au fauteuil et que n'oublierez jamais.

J'ai découvert Tayari Jones par hasard. Dans une librairie en France, j'ai trouvé parmi les rayons «Des baisers parfum tabac», (Presses de la Cité, 2020), le livre m'a intrigué et je l'ai donc acheté. Quelques jours plus tard, un monde de personnages bien décrits et d'atmosphères américaines précises, que je ne connaissais pas, s'est matérialisé dans mon salon.

Ont frappé à ma porte: Dana, la fille illégitime, et Gwendolyn, la mère, l'amante, la deuxième femme, la célibataire. Et à travers leurs histoires, j'ai rencontré la mariée et la fille légitime: Laverne et Chaurisse. Deux familles et un homme bigame. Et un secret, un énorme secret, surtout pour Dana et Gwendolyn, qui ne doit être jamais révélé. Mais cela sera-t-il jamais le cas?

Tayari Jones dans «Des baisers parfum tabac» a écrit une belle histoire: entre-temps, il y a l'Amérique des noirs, peut-être l'Amérique que nous connaissons moins et mal. Il y a les familles afro-américaines, un peuple qui travaille dur et qui espère, éternellement, pouvoir un jour s’en sortir de la pauvreté, du racisme et de la routine désespérée. Et il y a les femmes noires, pour la plupart des mères célibataires à dix-huit ans, seules et sans partenaire. Des femmes qui ne vivront que pour s'occuper et nourrir, d'une manière ou d'une autre, leurs enfants.

Dans «Des baisers parfum tabac», nous entrons dans les maisons, dans la dynamique familiale et nous pouvons le faire de différents points de vue. Nous apprenons l'amour et la tromperie, et surtout la honte d'être illégitime aux yeux de tous. Le livre raconte, certainement, un monde féminin fragile, dans lequel il faut chaque jour conquérir le rôle d'épouse et d'amante, et aussi celui de fille. Les personnages semblent devoir constamment marchander l'amour et leurs sentiments, pour survivre, surtout au jugement des autres. Mais Tayari Jones n'accorde pas de rabais aussi à l'univers masculin, en fait le bigame, apparemment celui qui tient les ficelles des marionnettes (ses nombreuses femmes), aux yeux libres et cyniques de l'écrivaine, est plutôt un homme maladroit, pas particulièrement beau, qui bégaie, qui a des lunettes comme des fonds de bouteille, et qui est charmant quand il porte l'uniforme de chauffeur. Tayari Jones dépeint ses personnages comme un bourbier de personnes honnêtes mais opprimées, peu sûres d'elles, parfois courageuses, ce qui les rend remarquablement réelles, dans leurs faiblesses.

Magnifique et à lire absolument.

Conseils de lecture

  • C'est par cette confession percutante que Dana Lynn Yarboro débute le récit d'une enfance pas comme les autres au sein de la communauté afro-américaine d'Atlanta, dans les années 1980.